Mermaiding : Comment devenir une sirène ?
by spotmydive
Ce n’est pas une plaisanterie. Les sirènes sont vraiment dans le vent ! On trouve aujourd’hui des dizaines de blogs, de sites, plus ou moins sérieux, expliquant comment devenir une sirène. Si cela peut susciter beaucoup de moqueries, le mermaiding est une réalité et devenir une vraie sirène est possible.
Via des forums et des blogs, une véritable communauté de sirènes s’est créée. Certaines personnes racontent s’être transformées en sirènes en se plongeant dans une baignoire remplie de sel en prononçant une formule pour exaucer leur vœu. D’autres auraient opéré cette transformation en se baignant dans un lac un soir de pleine lune ou en brûlant une photo de sirènes et en buvant les cendres… Les sirènes ont toujours été sources de fantasmes. Chaque pays, chaque culture possède un mythe sur ces créatures fantastiques et chimériques.
De la créature tentatrice à la petite sirène
Si aujourd’hui, les sirènes sont associées au merveilleux et au fantastique, leur origine est beaucoup moins joyeuse. Parmi les nombreux mythes, deux sont les plus connus : ceux des mythologies grecque et scandinave. La sirène gréco-latine est désignée par le terme siren et serait mi- femme – mi- oiseau. Dans l’Odyssée d’Homère, Ulysse devait résister à leur charme terrible, attaché au mât de son bateau. Pendant ce temps, ses hommes avaient bouché leurs oreilles car, s’ils écoutaient le chant des sirènes, elles les dévoraient. Dans la mythologie scandinave, les sirènes, appelées mermaid, prenaient la forme la plus connue dans l’imaginaire populaire : celle d’une femme avec une queue de poisson.
Si les origines de cette créature chimérique sont diverses mais certains points reviennent systématiquement. Une sirène est une femme au charme puissant et à la voix envoûtante causant la perte des hommes. Elle est synonyme de mauvais présage. A Ce mythe s’en ajoutent d’autres et notamment celui des sorcières ; statut que les femmes ont dû subir aux cours des siècles et qui a nourri des siècles de diabolisation.
Tous les pays, ou presque tous, possèdent des légendes décrivant des enchanteresses aquatiques insaisissables prenant l’apparence de jeunes filles. Les hommes sont attirés par leur beauté et périssent dans les profondeurs des mers. D’autres histoires relatent une histoire d’amour entre un humain et une sirène qui se sacrifie pour sauver son âme-sœur. Elle n’est donc, en définitive, pas aussi malfaisante qu’on a bien voulu le dire ! Anderson sera ainsi l’auteur qui permettra cette dédiabolisation avec le conte de La Petite Sirène.
Ariel a fait rêver de nombreux lecteurs et il est aujourd’hui possible de lui ressembler, plus ou moins !
Le mermaiding, une discipline en vogue
Consistant à onduler sous l’eau avec une énorme queue de sirène pleine d’écailles, le mermaiding suscite un réel engouement puisque des écoles ouvrent à travers le monde. Popularisé par les Etats-Unis et par l’Australie, c’est en Floride et dans la Michigan que les premières écoles de mermaiding ont vu le jour. Les Philippines ont ensuite suivi en créant la Mermaid Academy. Si celle-ci s’adressait, en premier lieu, aux jeunes filles, des femmes et des hommes se sont rapidement inscrits pour suivre ces cours.
En Europe, une école de sirène a été créée, l’année suivante, à Schondorf en Allemagne. La France n’a pas tardé à être conquise. En 2015, l’école Perle Event a été créée à Marseille par Julia Sardella, ancienne championne du monde de natation synchronisée. La même année, Marielle Chartier-Hénaut a ouvert AquaSirène au Québec qui est aujourd’hui, la plus grande école de sirène au monde. Aux Pays-Bas, une école professionnelle a ouvert ses portes en 2016 et a enregistré dès sa première année, un centaines d’inscriptions.
Les sirènes organisent même leur propre concours ! En 2014, des Allemands ont lancé Miss Mermaid, concours ouvert à l’international. Depuis, plusieurs pays ont leur propre concours national comme en France où la prochaine édition aura lieu durant le mois de juillet. Cependant dans le déroulement de ce concours, la beauté n’est pas concernée. Il s’agit ici de performances subaquatiques et d’aisance sous l’eau avec une épreuve sous forme de séance photo. Aucun critère physique n’est requis contrairement aux concours de beauté auxquels nous sommes habitués. Cette discipline s’adresse à tous les types de femmes.
Une activité sportive à part-entière
Nager comme une sirène est ainsi un véritable sport. Cette énorme queue de poisson composée d’une monopalme, en forme de queue de dauphin, pèse souvent plusieurs kilos. Celles qui sont fabriquées en silicone, pèsent parfois jusqu’à 15 kilos ! Ainsi, si nous ressentons dans une moindre mesure son poids dans l’eau, les muscles sont énormément sollicités, notamment les abdominaux. Nager en ondulations stimule, en effet, la ceinture abdominale et les muscles du dos. Plusieurs aptitudes sont donc sollicitées.
Parmi elles, on trouve la pratique de la nage sous-marine en apnée afin de pouvoir nager le plus longtemps possible tout en paraissant naturelle. La natation synchronisée est aussi partie intégrante de cette activité. Le mermaiding allie donc sport et art. Toutefois, si la nage sirène peut paraître difficile, c’est précisément tout le contraire ! Pour intégrer un cours, il suffit de savoir nager et d’avoir 6 ans. Les enfants et adultes sont les bienvenus. De ce fait, les bassins des piscines publiques accueillent, de plus en plus souvent, des cours de sirènes.
Certains pratiquent le mermaiding comme un véritable exercice sportif à l’image de l’aquabiking ou de l’aquapole. Des cours de body sirènes sont ainsi apparus en même temps que le mermaiding, alliant fitness et fantaisie. Comme tout autre sport, le mermaiding est un moment de lâcher prise, permettant de faire le vide dans son esprit durant la pratique de ce sport.
Un engouement qui touche tout le monde
Le mermaiding concerne toutes les morphologies, les âges et les sexes. En effet, les hommes participent aussi à cet engouement mondial. Toutefois, ces messieurs ne s’appellent pas des sirènes mais des tritons. C’est donc encore une référence mythologique, qui gagne de plus en plus d’adeptes. Ludovic, alias Ludo le Triton a créé le tout premier Mister Triton France qui se déroulera le 30 juin prochain. C’est le premier concours de merman homme-sirène du monde !
Davi de Oliveira Moreira, un triton amateur brésilien a lui aussi décidé de vivre cette passion, comme Ludovic. Sur l’une des plages les plus mythiques, celle d’Ipanema, Davi assume la passion qu’il a pour Ariel et vit son rêve en enfilant une queue de sirène. Un geste qui force l’admiration dans un pays connu pour son machisme et son homophobie. Au Brésil, des rassemblements de sirènes existent aussi. La telenovela La Force de la volonté a fait exploser cette mode. L’héroïne nage, en effet, au milieu de poissons dans un aquarium. Beaucoup plus stigmatisés que les femmes, les tritons se multiplient et s’assument. C’est un véritable message de tolérance.
Le triton le plus connu est sans nul doute l’Américain, Eric Ducharme. Très jeune, il a décidé, il y a quelques années, de se lancer dans cet univers en commercialisant d’abord, à 16 ans, des queues de sirènes, dont l’une a été portée par Lady Gaga. Devenu adulte, il a appris à plonger en apnée et tient désormais plus de quatre minutes.
Si certains adeptes ne le pratiquent que par plaisir, d’autres, de plus en plus nombreux, en font leur métier. Plusieurs communautés de sirènes professionnelles ont émergé sur tous les continents.
Les sirènes professionnelles
Ne vous y trompez pas, être une sirène, ce n’est pas se prélasser sur un rocher et chantonner toute la journée. C’est un vrai métier demandant énormément de discipline et d’entraînement.
Lorsque l’on devient une sirène professionnelle, il faut parfois prendre sur soi et plonger dans une mer à 17 degrés pour prendre quelques clichés. Ces sirènes professionnelles sont payées pour des performances aquatiques dans des parcs d’attractions, des événements, des soirées privées et même pour des films et tout cela en apnée et avec des queues atteignant 15 kilos ! L’un des premiers shows s’est déroulé en Floride, en 1947, au Weeki Wachee Springs Park. L’apnée est essentielle pour pratiquer ce métier et nécessite un style de vie particulier. Etre une sirène, c’est aussi plonger à plusieurs mètres de profondeur. Il faut réussir à ouvrir les yeux dans l’eau salée ou chlorée, et, à supporter d’avoir de l’eau dans le nez. Une sirène ne porte, bien sûr, ni masque, ni lunettes, ni pince-nez.
Aux Etats-Unis et en Australie, on les appelle les mermaids performers. Celle qui a popularisé ce métier atypique, est Hannah Fraser. En plus de son job de sirène, alliant performance et mannequinat, cette Australienne s’est engagée dans la protection du monde marin. Elle a fait récemment le buzz en plongeant parmi les requins tigre et en dansant à leurs côtés. Au-delà de ces images saisissantes, Hannah Fraser tentait de faire changer les mentalités et de supprimer les fausses idées que beaucoup se font des requins. Elle a déjà nagé avec des dauphins, des requins blancs, des raies manta et des baleines… De quoi susciter l’admiration !
En France, la première sirène professionnelle est Claire Baudet alias Claire la Sirène. Il y a huit ans, parallèlement à son mémoire sur le mythe des sirènes, elle s’est lancée dans le pari fou de percer dans cette discipline qui n’existait pas, en France, à cette époque. Et ça marche ! Claire Baudet performe régulièrement à l’Aquarium de Paris et elle est souvent retenue pour des publicités, des clips et des courts-métrages. Elle exerce un métier très prenant puisqu’il consiste aussi à s’occuper de toute la partie événementielle, promotion et aussi costume. Claire Baudet a la particularité de fabriquer elle-même ses costumes.
A cette époque, les queues de sirène n’étaient pas commercialisées en France mais, surtout, aux Etats-Unis. Désormais, il est possible d’en acheter une pour une cinquantaine d’euros, en lycra ou en latex. Les queues en silicone sont beaucoup plus onéreuses, atteignant les milliers d’euros, et le plus souvent réservées aux professionnels.
Un marché qui progresse
Les estimations de ce marché en expansion sont difficiles à estimer puisqu’il est tout récent. Dans l’univers du mermaiding, les queues de poisson représentent aujourd’hui des millions de dollars. Selon un récent rapport de Market Watch, ces queues en écailles ont engendré, en 2019, un chiffre d’affaires de 66 millions de dollars. Dans cinq ans, le rapport prévoit un chiffre de 120 millions. Ces chiffres donnent un aperçu du réel engouement suscité par cette pratique atypique. Cette consommation a notamment été observée en Amérique du Nord : continent qui représente 74% du marché des costumes de sirènes. L’Europe est derrière avec 14%, devant l’Asie-Pacifique qui représente 8,5%.
Un petit nombre de marques se partage donc ce jeune marché, parmi elles Mertailor créée par le merman, Eric Ducharme. Fin Fun a été fondé par une grand-mère prise de passion pour la confection de queues de sirènes après en avoir confectionné une pour répondre à la demande de sa petite-fille. C’est l’un des moins chers du marché. Sun Tail Mermaid, Dubai Mermaids, Swimtails et MerNation se partagent également ce marché.
Le mermaiding même à la télé !
Oui, les sorcières ne sont pas les seules créatures fantastiques à avoir inspiré les scénaristes. Outre le conte d’Anderson que nous connaissons tous ou Splash le scénario de Ron Hoard, avec Tom Hanks, les séries ont, elles aussi, saisi le sujet. Les séries H2O, Mako Mermaids, Oceans Girl et la plus récente Tidelands sont australiennes et explorent cette univers fabuleux. Hollywood n’a pas tardé à s’inspirer du thème avec Siren, dont la diffusion a commencé l’année dernière. Prochainement, l’industrie de la Série française, diffusera Une île sur Arte. Présentée aux derniers Séries Mania, cette histoire mêlera sirène sans écaille et écologie et Laeticia Casta y aura l’un des rôles principaux.
Si le mermaiding marche autant, c’est qu’il suscite beaucoup d’émerveillement. Voyez les étoiles dans les yeux des enfants lorsqu’une sirène ondule devant eux. C’est aussi le détachement vis à vis de la réalité que procure le mermaiding. Cette fascination pour les créatures mythiques n’a donc pas fini de nous enchanter ou d’en irriter certains.